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Un autre regard sur la Terre

Espace, satellites, observation de la Terre, fusées et lancements, astronomie, sciences et techniques, etc. A l 'école ou ailleurs, des images pour les curieux...

Lancement du satellite Pléiades 1B : derniers préparatifs au Centre Spatial Guyanais

Publié le 29 Novembre 2012 par Gédéon in Satellites-et-lancements

 

Arianespace - Soyouz - Préparation lancement - Pléiades-1Préparatifs du lancement de Pléiades 1B : à gauche, installation du satellite sur l’étage Fregat.
A droite, fermeture de la coiffe. Crédit image : ESA-CNES- Arianespace / Optique vidéo du CSG –
L. Barthet et P. Baudon

VS 04 ? Vol Soyouz n°4. C’est à bord de la quatrième fusée Soyouz lancée à partir de la Guyane française que le satellite Pléiades 1B doit rejoindre son jumeau dans la nuit du vendredi 30 au samedi 1er décembre 2012, trois semaines après un nouveau succès d’Ariane 5.

 

Rhum ou vodka : le rythme s’accélère en Guyane…

Fin 2012, le rythme de lancement est particulièrement soutenu au CSG : D’ici la fin de l’année 2012, une nouvelle Ariane 5 (VA211) doit mettre en orbite deux satellites de télécommunications (Skynet 5D et Mexsat Bicentario). Soit 4 lancements en dix semaines et un total de 11 campagnes de lancement pour Arianespace, avec en particulier le premier vol de Vega, le lancement de l’ATV Edoardo Amaldi et la mise en orbite de Metop-B depuis le cosmodrome de Baikonour.

Galileo ou Pléiades : cela devient une habitude pour les lancements de Soyouz au CSG, très précisément sur la commune de Sinnamary, à une dizaine de kilomètres de l’ensemble de lancement Ariane 5 à Kourou. VS 01, le vol inaugural du 21 octobre 2011, a emporté les deux satellites Galileo IOV-1 PFM et FM2. Le 17 décembre 2011, VS 02 emporte six satellites : les quatre satellites d’écoute ELISA, le satellite chilien SSOT et, bien sûr, Pléiades 1A qui livre ses premières images juste avant noël. Tout récemment, le 12 octobre 2012, deux nouveaux satellites de la constellation Galileo ont été mis en orbite par le Soyouz VS 03.

Si les préparatifs de ce nouveau lancement continuent à se dérouler comme prévu, c’est à 3h02m50s (heure de Toulouse et Paris, soit 23h02m50 en Guyane) que la fusée Soyouz décollera. L’ouverture de la coiffe est prévue juste après 3h06 (une heure normale pour une sortie de boîte) et la mise en orbite aura lieu à H+54m55s au moment de la séparation du satellite Pléiades 1B de l’étage Fregat.

 

Lancement Pléiades 1B - Profil de mission - OrbiteProfil de mission de la fusée Soyouz VS 04. Dans les jours qui suivront, Pléiades 1B sera positionné
sur la même orbite que Pléiades 1A. D'ici un an, après le lancement de Spot 7 qui rejoindra Spot 6,
les quatre satellites formeront une constellation à 694 km d'altitude. Crédit image : Arianespace

 

Plusieurs opérations importantes ont été menées depuis une semaine :

  • 21 novembre : installation du satellite Pléiades 1B au-dessus de l’étage Fregat dans le bâtiment S3B (assemblage de la charge utile, payload stack).
  • 23 novembre : le lanceur Soyouz, jusqu’à présent assemblé dans le bâtiment MIK, a été placé sur le véhicule de transport.
  • 26 novembre : érection du lanceur sur le site de lancement puis couplage de la charge utile.

D’Astérix à Pléiades 1B : comment baptise-on les satellites français ?

Le 26 novembre, c’est un anniversaire important !

Ces opérations se passent moins d’un an après le lancement de Pléiades 1A mais 47 ans jour pour jour après celui du premier satellite français, mis en orbite le 26 novembre 1965, à partir de la base d’Hammaguir, en Algérie.

Le nom du premier satellite français ? A1… Cela prouve que les ingénieurs et les responsables de programmes spatiaux peuvent parfois manquer d’originalité. Pour Pléiades, on se lâche un peu : c’est 1A puis 1B.

A1 (A pour armée) a failli s’appeler Zébulon (les journalistes trouvaient que son ressort d’éjection faisait penser au personnage de l’émission pour enfants « le manège enchanté ») mais le CNES a préféré populariser le nom Astérix (le côté gaulois ?). Au niveau international, les noms sont encore plus poétiques : 1965-096A ou NORAD 1778 (utile pour retrouver les paramètres orbitaux).

Pour la petite histoire, le premier satellite européen est italien et s’appelle San Marco 1. Il a été lancé un an plus tôt le 15 décembre 1964 de Wallops Island (USA) par une fusée américaine Scout-X4. Pour cette raison (lancement par une fusée américaine), c’est bien la France qui devient avec Astérix la troisième puissance spatiale derrière l’URSS et les Etats-Unis. Des épisodes comme l’impossibilité d’exploiter commercialement le satellite franco-allemand Symphonie ont confirmé l’importance d’un accès autonome à l’espace et permis le lancement du programme Ariane. L’accès à l’espace était un sujet central de la dernière conférence ministérielle de l’ESA qui s’est tenue à Naples les 20 et 21 novembre 2012, avec en particulier les dossiers Ariane 5 ME et Ariane 6.

Si on creuse un peu l'histoire d'Astérix en lisant les témoignages des acteurs de l’époque ou les ouvrages historiques sur le spatial français, on s’aperçoit qu’il y a eu tout un débat pour déterminer quel serait le premier satellite :

  • A1 (alias Astérix), 38 kilogrammes plus un support de 7 kilogrammes, construit par Matra pour la DMA (délégation ministérielle pour l’armement, l’ancêtre de la DGA)
  • ou D-1A (une nouvelle preuve d’originalité, alias Diapason, un nom beaucoup plus sympathique qui fait référence aux deux émetteurs radio à fréquence stable dont on mesurait l’effet doppler pour déterminer la position du satellite), 17 kg et une case à équipements de 18 kg, construit par le CNES.

Sans revenir sur cet épisode de « saine émulation » (les personnes intéressées peuvent consulter un site très bien documenté : « nos premières années dans l’espace » ou le livre d’Yves Garric « Michel Lefebvre, marin de l’espace »), une comparaison entre les photographies d’époque et celles d’aujourd’hui est assez instructive.

 

Satellites Astérix A1 - Pléaides 1B - Intégration et lanMontage photo illustrant l’évolution des satellites et des techniques d’intégration d’Astérix à
Pléiades. Crédit image : CNES / Arianespace

 

Tout change, rien ne change…

C’est très différent ? Effectivement, pas gros chose à voir entre Astérix et Pléiades du point de vue de la masse et de la complexité technologique. Quelques dizaines de kilos par A1, près d’une tonne pour 1A (et 1B)… Un simple émetteur pour Astérix, une mission d’observation de la Terre très sophistiquée, avec un instrument de taille impressionnante, une plate-forme très agile et une transmission d’images à 450 Mbits/s dans le cas de Pléiades. Des projets également beaucoup plus complexes, avec une organisation industrielle faisant appel à plusieurs sociétés européennes (Astrium, CASA, Thales Alenia Space, Sodern, Saab-Ericsson, ABSL, ETCA, IAI etc.) et des équipes plus nombreuses.

Néanmoins, il y a encore des similitudes : les contraintes du lancement puis de l’environnement spatial, le diagnostic de satellisation, le déplacement sur l’orbite (pas de moteur sauf pour les corrections d’altitude), etc.

 

Les satellites Pléiades : deux pieds sur Terre et la tête dans les étoiles ?

Les deux pieds sur Terre, on comprend facilement pourquoi: deux pieds, c’est presque 70 cm, la pas d’échantillonnage au sol de l’instrument des satellites Pléiades (en anglais, on parle de GSD pour Ground Sampling Distance). Une fois les données reçues et traitées, les pixels des images Pléiades représentent des carrés de 50 centimètres de côté.

Deux pieds, c'est également approximativement le diamètre du miroir primaire du télescope des satellites Pléiades (650 mm).

Les satellites Pléiades, construits par Astrium, observent la Terre éclairée par le soleil. Quel rapport avec le ciel nocturne étoilé ?

Eh bien, ce sont trois senseurs stellaires, fournis par Sodern, combinés à un gyromètre à fibres optiques (FOG) qui permettent à chaque satellite Pléiades de déterminer précisément son attitude. Fixés directement sur la structure de l’instrument, ils repèrent des étoiles connues et permettent au logiciel de bord de déterminer la direction exacte de pointage de l’instrument de prise de vue.

pleiades astrium

Vue d’artiste du satellite Pléiades. On voit
deux des trois têtes des senseurs stellaires
(les formes tronconiques blanches et noires).
Crédit image : Astrium.

Précision de pointage, une qualité qui complète l’agilité et la très haute résolution de Pléiades. Les satellites Spot 6 et Spot 7 déterminent leur attitude de la même manière.

Je m’aperçois qu’aucun article du blog Un autre regard sur la Terre n’a été consacré à la description technique des satellites Pléiades. Il va falloir rectifier cela prochainement !

 

Les Pléiades, alias M45 : les colombes et le Taureau

En attendant, revenons à nos noms de baptême…

Si vous vous intéressez un peu à l’astronomie, ce n’est pas le mot satellite qui vous vient à l’esprit quand on vous parle des Pléiades :

Les Pléiades, ou amas M45 (depuis Messier, les astronomes manquent parfois également de poésie), sont un amas stellaire visible dans l'hémisphère nord, dans la constellation du Taureau.

L'origine du nom « Pléiades » provient de la mythologie grecque : les Pléiades sont sept sœurs, filles d'Atlas et de Pléioné : Astérope, Mérope, Électre, Maïa, Taygète, Céléno et Alcyone. Pourchassées par le guerrier Orion, elles demandent à Zeus de les sauver. Changées en colombes, elles deviennent à leur mort des constellations.

On dénombre aujourd'hui dans l’amas M45 environ 3 000 étoiles, dont une douzaine sont visibles à l'œil nu. Il s'étend sur 2°, environ 4 fois le diamètre apparent de la Lune. Les 9 étoiles les plus brillantes portent le nom des 7 sœurs et de leurs parents. Elles sont visibles à l'œil nu. Astérope est une étoile double.

Voilà peut-être une idée pour baptiser nos deux satellites jumeaux (en l’occurrence, c’est plutôt une paire de jumelles à fort grossissement). Plutôt que 1A et 1B, que pensez-vous de Maïa et Mérope, ou encore Astérope et Alcyone ?

 

Pour suivre le lancement de Pléiades 1B :

Si vous êtes prêt à vous coucher très tard ou vous lever très tôt, le lancement aura normalement lieu dans la nuit du vendredi 30 au samedi 1er décembre à 3:02:50 en heure française (soit 2:02:50 en temps universel) :

  • Sur le site d’Arianespace, la page pour suivre la vidéotransmission en direct (le plug-in Adobe Flash Player est nécessaire).
  • La retransmission commence à 1h42 UTC (soit 2h42 du matin à Paris ou Toulouse).
  • Si le ciel est dégagé à Toulouse (pas sûr !) et que vous voulez patienter en observant les étoiles, les Pléiades seront visibles et il y aura également deux passages de la station spatiale internationale (ISS).

 

En savoir plus :

 

 

 

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